Les essais cliniques du premier médicament de régénération dentaire au monde débuteront en septembre à l’hôpital universitaire de Kyoto, au Japon. Ce composé, basé sur un anticorps désactivant une protéine spécifique, vise principalement les patients atteints d’agénésie dentaire congénitale. Toutefois, les chercheurs espèrent étendre cette thérapie révolutionnaire à ceux ayant perdu des dents suite à un accident ou une infection. On fait le point avec Geoffrey Migliardi.
La protéine USAG-1 et son rôle dans la régénération dentaire
L’agénésie dentaire congénitale affecte environ 1 % de la population, se manifestant par l’absence de certaines ou de toutes les dents. Les études ont révélé que la protéine USAG-1 joue un rôle crucial dans ce phénomène. En effet, cette protéine inhibe les facteurs BMP (protéines morphogénétiques osseuses) et Wnt, essentiels au développement des dents.
Des expériences ont montré que la déficience en USAG-1 induit la croissance de dents surnuméraires chez les animaux. Ces découvertes ont conduit les chercheurs de l’Université de Kyoto à envisager l’utilisation d’un anticorps anti-USAG-1 pour stimuler la croissance de dents chez les personnes souffrant d’agénésie dentaire.
Découverte des bourgeons dentaires dormants
Bien qu’on ait longtemps cru que les humains ne possédaient que deux ensembles de dents (dents de lait et définitives), des recherches récentes ont mis en lumière l’existence de bourgeons dentaires dormants. Ces bourgeons, présents chez certaines personnes, pourraient potentiellement donner naissance à un troisième ensemble de dents. Les chercheurs japonais, dirigés par Katsu Takahashi, ont ainsi proposé qu’un anticorps anti-USAG-1 pourrait activer ces bourgeons et induire la croissance de nouvelles dents.
Résultats prometteurs des essais précliniques
Pour valider leur hypothèse, les scientifiques ont mené plusieurs essais in vivo sur des souris et des furets. Les résultats de ces essais, notamment ceux de l’année dernière, sont prometteurs. Les anticorps anti-USAG-1 ont bloqué l’interaction de l’USAG-1 avec les protéines BMP et Wnt, deux voies cruciales dans le développement des dents.
Une seule administration de l’anticorps a suffi pour générer une dent surnuméraire de troisième génération via la voie BMP. Bien que des effets secondaires aient été observés sur la voie Wnt, en raison de son implication dans le développement squelettique, ces résultats restent encourageants pour le futur de la régénération dentaire.
Perspectives de commercialisation et implications futures
Le développement de ce médicament ouvre des perspectives révolutionnaires dans le domaine de la dentisterie. Une commercialisation d’ici 2030 pourrait transformer la manière dont nous abordons la perte de dents, en offrant une solution viable et durable. Les patients atteints d’agénésie dentaire congénitale, ainsi que ceux ayant perdu des dents suite à des accidents ou des infections, pourraient enfin bénéficier d’un traitement efficace. Les implications pour la santé publique et la qualité de vie des patients sont immenses, et marquent une avancée majeure dans la médecine régénérative.